Inspirée de la forme des champignons que l’on trouve communément sur les arbres, cette installation serait composée d’une multitude de cymbales serrées en grappe autour du tronc de l’arbre.
Par un beau jour de juin 1997, j’ai imaginé que les arbres d’un parc seraient des instruments de musique et qu’ils offriraient aux flâneurs une promenade musicale.
J’imaginais des Arbres à Musique fonctionnant au vent (par exemple), et puis d’autres que le public pourrait manipuler pour produire des sons.
L’idée serait de réaliser des installations artistiques -esthétiques, sonores et ludiques- basées sur l’observation de la silhouette particulière à chaque arbre, la forme et la hauteur des branches, ce qu’évoque son nom, le dessin de ses racines et de ses feuilles.
Une tirette (style bobinette chera) raccordée à une bande son serait installée dans le saule.
Quand on tire la bobinette, on entend un ruisseau, des rires en cascade, des jérémiades, des pleurs, des chants larmoyants, la pluie… (comme le système des peluches avec une petite musique quand on tire sur la ficelle).
En plus le “Saule Pleurnicheur” pleure de vraies larmes grâce à un tuyau d’arrosage percé dissimulé dans son feuillage.
Quand on est sous le Charme on peut jouer des castagnettes avec les pieds !
En appuyant en rythme sur des pédales, on actionne des tringles sur lesquelles sont fixées une centaine de castagnettes aux effets de papillons de bois battant des ailes.
Tout le long des branches maîtresses sont tendues des structures composées de motifs en plaques de métal et bois alternés de différentes longueurs.
Des balles seraient suspendues à différentes hauteurs de chaque côté de ces xylophones.
On joue en lançant les balles sur les lames de bois et métal.
Comme dans un jardin botanique, un cartel indique le nom de l’espèce ainsi que son appellation savante imaginaire en tant qu’arbre à musique.
Ainsi vous apprenez que le “Maracacia” est un acacia à maracas et le “Poirier Klaxon” produit une nouvelle variété de poires en caoutchouc.
Dans un arbre creux s’est logé un coquillage lumineux pour écouter la mer au rythme des battements du cœur de l’arbre.
La nuit venue, si le parc est habituellement éclairé, les arbres à musique s’illuminent.
Petites lumières et jeux d’ombres, bruissements de feuilles et mélodies du soir participent à l’ambiance lutine et festive de cette promenade “luthique”.
Daphné, W. Jamnitzer, XVIe siècle.
Ce projet des Arbres à Musique a bénéficié du label et d’un soutien à la création de Bruxelles 2000. Mon projet initial était très social (participation des maisons de retraites, des écoles, des associations et appel à d’autres artistes), il n’a pas pu être réalisé pour des raisons de gestion inhérente à Bruxelles 2000 qui a dû supprimer beaucoup de projets.
Jusqu’à présent, seul le Grelottier a vu le jour dans le cadre du festival “Arbres et Lumière” de Genève.
Longtemps j’ai été confrontée au problème que mes projets pluri-artistiques n’entraient dans aucune petite case des institutions. Je me réjouis de voir émerger plus d’ouverture et un intérêt grandissant pour des projets concernant la nature. C’est pourquoi je ressors du tiroir ce projet en me disant qu’il est maintenant dans l’air du temps. Les idées sont là (bien d’autres dans les tiroirs sans compter celles que j’imagine sur place), je sais à quels talents faire appel pour la réalisation, il ne manque qu’un maître d’ouvrage.